#52

Le Pont Marie, Paris

Edouard Boubat

Il faut regarder une photographie de Boubat : Il faut regarder ses images, mais ce qui s’appelle regarder, comme on respire profondément devant la fenêtre ouverte. Et pourquoi, me direz-vous ? Parce que leur rayonnement est si bienfaisant qu’après, je l’espère, vous ne verrez plus les choses, ni les gens, de la même manière déclarait avec conviction son grand complice Robert Doisneau.

Voir, regarder, déambuler, devant, derrière, de côté ou bien ailleurs, mais surtout, être toujours à l’affût du moindre petit instant de bonheur et de beauté. Aimer la vie, aimer Paris, ses quais, la Seine, ses bateaux ; être inlassablement en quête de l’inattendu. Boubat disait aussi que la photographie avait une vérité qui ne s’apparentait à rien, ni au cinéma, ni à l’écrit, ni à la peinture. Mais que tout ceci c’était aux autres de le découvrir, pas aux photographes. Ce que je crois déceler ici, c’est que toute photographie est, d’une façon ou d’une autre, la vôtre. Qu’il n’y a pas de photographie qui ne témoigne pas de vous (Marguerite Duras).

Bien plus poète que réaliste, Edouard Boubat aimait transformer ce qu’il entrevoyait par l’objectif de sa caméra en une apparition mystérieuse, touchée par la grâce, indifférente au temps et à l’espace. Plus que tout, le photographe aimait à cultiver le mystère de la révélation photographique. Je considère la photo comme un don, disait-il. C’est un cadeau tombé du ciel. Il faut seulement savoir le recevoir. Et être là au bon moment. Le miracle ne se répète pas tous les jours.