#46

Aube sur le temple de Lakshama, Khajuraho, Inde

Olivier Barot

Construits aux Xe et XIe siècles sous la dynastie des Chandella, les temples de Khadjuraho, dont il ne reste plus qu’une vingtaine, sont consacrés à deux religions essentielles de l’Inde : l’ hindouïsme et le jaïnisme, dans une synthèse exemplaire entre sculpture et architecture. Mais la renommée de ces temples tient surtout aux nombreuses scènes de maithuna (terme sanskrit désignant les représentations érotiques de couples d’amoureux) ainsi qu’à la multitude d’apsara, des nymphes célestes de grande beauté qui couvrent une partie des murs des temples. D’où leur surnom de temples de l’amour…

Parmi ceux-ci, le temple Lakshmana, l’un des plus célèbres de Khajuraho, demeure le seul édifice dans lequel un culte quotidien est encore célébré aujourd’hui.

Le temps que prend ma course est long ; la route est longue. 

Je suis sorti sur le char du premier rayon de lumière, et j’ai poursuivi mon voyage à travers les solitudes des mondes, laissant ma trace sur mainte étoile. C’est le parcours le plus distant qui m’approche le plus de toi, et la modulation la plus détournée est celle même qui mène à la parfaite simplicité de l’accord. 

Le voyageur doit frapper à toutes les portes avant de parvenir à la sienne ; il faut avoir erré à travers tous les mondes extérieurs pour atteindre enfin au tabernacle très intime. 

J’ai laissé mes yeux longtemps s’égarer au loin, avant de les fermer et de dire : Tu es ici ! 

Cette interrogation, cette attente, se fond dans les larmes d’um millier de fleuves et submerge le monde sous le flot de cette certitude : Je suis. 

Rabindranath Tagore, L’offrande lyrique