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Ciel XVIII, Patagonie

Jean-Yves Brégand

Découverte par Magellan il y a cinq siècles, la Patagonie, aujourd’hui partagée entre l’Argentine et le Chili, demeure un des territoire les plus austères, sauvages et inhabités de la planète. Un extraordinaire patrimoine naturel fait de forêts, de volcans et de lacs cristallins ; lui-même peuplé par une faune unique au monde.

Mais ce qui frappe le plus quiconque s’aventure dans ces contrées du bout du monde, c’est la force du vent. Maître de l’univers, le vent construit et déconstruit le paysage et le ciel, les ciels plutôt devrait-on dire, balayés par des nuages qui se font et se défont au gré des caprices d’Eole. Plutôt tempêtes et ouragans que zéphirs, les vents en provenance du Pacifique créent ainsi des paysages tumultueux dans les cieux dont on ne peut se lasser.

Lorsque le naturaliste Charles Darwin, notait ses impressions à son retour de Patagonie en 1838, voici la question qu’il se posait : « Quand j’évoque les souvenirs du passé, les plaines de la Patagonie se présentent fréquemment à ma mémoire, et cependant tous les voyageurs sont d’accord pour affirmer qu’elles sont des misérables déserts. On ne peut guère leur attribuer que des caractères négatifs ; on y trouve, en effet, ni habitations, ni eau, ni arbres, ni montagnes ; à peine y rencontre-t-on quelques arbustes rabougris. Pourquoi donc ces déserts – et je ne suis pas le seul qui ait éprouvé ce sentiment – ont-ils fait sur moi une si profonde impression ? (Voyage d’un naturaliste au bout du monde). La réponse tient peut-être dans ce mélange d’émotion et de fascination que l’on ressent devant un paysage aussi extrême…