#39

Psyché et l’amour, Canova

Marc Dekeister

Le thème de l’Amour et Psyché, largement exploité pendant la période néoclassique, a été décliné en de nombreuses versions par Canova, dont deux variantes en marbre sont conservées au Louvre. Dans cette version un peu naïve représentant l’innocence de l’amour juvénile, l’Amour entoure Psyché de son bras alors qu’elle soulève de sa main celle du jeune homme, sur laquelle est posé un papillon. Ce papillon évoque l’âme de Psyché qu’elle offre, en toute innocence, à l’Amour. L’errance de l’âme, un thème dérivé de la philosophie néoplatonicienne, était un concept cher à Canova.

Cette sculpture, commandée par Sir John Campbell en 1787, fut admirée par de nombreux artistes avant d’être rachetée par Murat, lors de l’entrée des troupes françaises dans Rome en 1798, puis de passer des collections impériales au Musée du Louvre où il se trouve aujourd’hui.

Cette mode du retour à l’antique, fortement prisée par les premiers romantiques – Byron, Stendhal, Chateaubriand – permit ainsi à Canova de montrer la maîtrise de son art mêlant volupté, grâce et langueur avec talent.

Mais le photographe nous surprend et nous intrigue, en choisissant de montrer les deux amants de dos, enlacés, se détachant comme des ombres chinoises sur un fond noir d’encre qui souligne, si besoin est, la douceur et la tendresse des amants empreintes du sensualisme lyrique qui a fait la renommée du sculpteur.