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Bibi au restaurant de l’Eden Roc, Cap d’Antibes, 1920

Jacques Henri Lartigue

Si Jacques Henri Lartigue est célèbre pour ses images en noir et blanc, il ne faut pas oublier qu’il a également utilisé les procédés de photographie couleur très rapidement. Il a fait poser ses amis, ici sa première femme Bibi (Madeleine Messager), avec un vrai bonheur de peintre. Bien qu’il se soit toujours voulu un amateur, son style est reconnaissable entre tous : un charme certain, une désinvolture heureuse, une sophistication délicieuse et joyeuse.

Jacques Henri Lartigue a eu la chance d’être libre et de vivre à sa guise ; et il a su faire de sa vie un chef-d’œuvre. Libre de toute contrainte matérielle, il voue sa jeunesse au bonheur de vivre, à la beauté voire à une certaine frivolité. Les albums consacrés à Bibi (1918-1930) font revivre les Années folles, leur insouciance et leur légèreté. Les photographies de Bibi forment ainsi un ensemble très construit, sur une période qui fut heureuse et stable pour l’artiste, qui pouvait compter sur la sérénité et le caractère joyeux de son épouse.

Pourtant, derrière le charme incontestable des photographies de Lartigue se glisse une certaine forme de gravité, qui n’est pas toujours immédiatement perceptible. John Szarkowski, le directeur du Museum of Modern Art de New York, disait de l’œuvre de Lartigue, qu’il a fortement contribué à faire connaître : Ici, le charme pénétrant d’un monde disparu peut dissimuler la beauté cachée de l’œuvre. Car ses images sont les observations d’un génie: des perceptions fraîches, poétiquement ressenties et graphiquement fixées.