#25

Le char d’Apollon III, Versailles

Jean-Baptiste Leroux

Au bout du jardin de Versailles, juste devant le Grand Canal, surgit le Char d’Apollon, un groupe de statues réalisé par Jean-Baptiste Tuli en 1670, suivant un dessin de Charles Le Brun. En plomb, ces statues étaient, au temps du Grand Siècle, recouvertes d’or – ce qui les faisait briller de telle sorte qu’elles soient vues comme un halo de lumière des fenêtres du château.

A Versailles, Apollon, dieu grec de la paix et des arts, est identifié comme le dieu de la lumière. Selon la légende, le matin arrivé, celui-ci, quittant la grotte marine de son épouse Téthys, sort des eaux sur son char tiré par des chevaux flamboyants, jetant dans toutes les directions une lumière renaissante. C’est le moment précis qui symbolise toute la majesté et la puissance d’Apollon.
Louis XIV, monarque absolu, choisit comme surnom « le Roi Soleil », prenant le soleil comme emblème en référence à Apollon. Ainsi en 1653, dans le ballet La Nuit, Louis XIV, âgé de 16 ans, apparaît-il en Apollon, renforçant sa position de Dieu vivant. Le poète Benserade met alors ces vers dans la bouche du Roi :

Sur la cime des monts commençant d’éclairer
Je commence déjà de me faire admirer.
Je ne suis guère avant dans ma vaste carrière ;
Je viens rendre aux objets la forme et la couleur ; 

Et qui ne voudrait pas avouer ma lumière 
Sentira ma chaleur .

Déjà seul je conduit mes chevaux lumineux,
Qui traînent la splendeur et l’éclat après eux.
Une divine main m’en remis les rênes ;
Une grande déesse a soutenu mes droits.
Nous avons la même gloire : elle est l’astre des reines,
Je suis l’astre des rois.